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Si
vous estimez que votre organisation a besoin d'être « présente »
sur Facebook
-- Richard Stallman
2016-12-11
Facebook
est un moteur de surveillance, accumulant beaucoup de données
personnelles disponibles aussi pour l'État. Par égard pour votre
vie privée et votre liberté, il est important de ne pas posséder
de compte Facebook actif ; en refusant, vous bloquez le
principal canal par lequel Facebook recueille des informations sur
vous, et à travers vous sur vos parents et amis (il est également
important d'éviter Whatsapp et Instagram, des filiales de Facebook).
Si vous leur expliquez pourquoi vous insistez fermement pour
communiquer avec eux par un autre système, vous renforcerez votre
volonté de résister aux systèmes qui se servent de vous pour vous
nuire et nuire aux autres.
Facebook
a acquis un tel pouvoir de nos jours que cela met en danger la
liberté et la démocratie. Ses règles concernant ce qui peut être
publié reviennent à une censure de la société dans son ensemble
et conduisent à des différends politiques. Mais ces différends
détournent notre attention de l'essentiel, qui est qu'aucune
entreprise ne doit posséder un tel pouvoir.
Facebook
a le pouvoir de manipuler les élections au moyen de changements
subtils dans ses règles. Qu'elle l'ait déjà fait
intentionnellement ou non, il n'en reste pas moins que cet état des
choses est dangereux.
De
nombreuses organisations entretiennent une page Facebook pour
chercher du soutien. L'existence de cette page ne nuit pas
directement à l'organisation, mais sans un minimum de précautions,
elle augmentera le pouvoir de Facebook.
En
général, les organisations ont une page Facebook pour essayer
d'obtenir le maximum de visibilité. Or les ingénieurs de Facebook
ont conçu un système sournois dans lequel, pour obtenir une
visibilité maximale, on doit renforcer le plus possible le pouvoir
de cette société.
Le
moyen le plus radical pour d'éviter cela, c'est de refuser d'avoir
une page Facebook. Cependant, il y a peut-être moyen de trouver un
compromis dans lequel on attire le soutien du public sans trop
augmenter le pouvoir de Facebook. Cet article propose un tel
compromis.
Principes généraux
-
Faites de votre site Web l'endroit où il faut aller pour avoir tous
les renseignements sur votre organisation. Quoi qu'on veuille savoir,
c'est sur le site Web qu'on doit le trouver.
-
Dites sur la page Facebook que le site Web de l'organisation est la
meilleure source d'information. Demandez explicitement aux gens de
toujours mettre en lien le site Web, jamais la page Facebook.
-
Adoptez cette devise : « Facebook
est mauvais pour les gens. Quand ils nous trouvent sur Facebook, nous
leur montrons le chemin de la sortie et c'est ailleurs que nous leur
parlons. »
Ce qu'il faut mettre sur Facebook ; ce qu'il ne faut pas mettre
-
Sélectionnez ce que vous mettez sur Facebook pour que le site Web
soit clairement la meilleure source d'information sur l'organisation.
-
Mettez sur Facebook de nouveaux articles ou annonces importantes de
l'organisation, mais seulement la moitié à peu près. Puis dites
sur la page Facebook : « Consultez
notre site Web, il y a beaucoup plus d'info là-bas !»
-
Mettez des fichiers GIF animés présentant le point de vue et les
idées de votre organisation – mais moitié moins que sur votre
site Web.
-
Quand vous annoncez un événement sur Facebook, ne dites pas tout.
Donnez le lieu, la date, l'heure et une brève description, assez
pour que les gens viennent s'ils le souhaitent – mais donnez un
lien vers la page de votre site qui décrit cette réunion et
réservez pour cette page une partie des informations intéressantes
sur l'événement.
-
Mettez la même liste de résumés d'événements sur le site Web,
pour que les gens en quête d'un résumé n'aient pas l'impression
qu'ils trouveront mieux sur Facebook.
-
Sur la page Facebook de l'organisation, n'actualisez pas tous les
champs d'information temporaire. Lorsque le site Web change de
manière significative, indiquez-le seulement par quelques mots dans
le champ Statut.
-
Sur le site Web de l'organisation, donnez aux visiteurs qui le
souhaitent un moyen d'être avisés des changements et de recevoir
les nouvelles annonces, pour qu'ils n'aient pas besoin de recourir à
Facebook pour cela.
-
Ne donnez sur Facebook aucun renseignement sur les personnes qui
participent à vos événements – surtout pas leur nom. Respectez
leur vie privée ! Ne faites d'exception que pour les noms des
conférenciers ou professeurs, dans le cadre de la description
préliminaire des activités.
-
En particulier, ne mettez pas de photo montrant des personnes.
Souvenez-vous que Facebook les identifie sur la photo d'après leur
visage ou même d'après l'arrière de leur tête. Ne montrez aucune
tête sur Facebook, quel que soit l'angle de prise de vue.
Évitez la messagerie Facebook !
-
Indiquez sur la page Facebook que les personnes souhaitant s'adresser
à l'organisation doivent le faire par d'autres systèmes et NON par
la messagerie Facebook. Dites quels systèmes vous préférez et
donnez les noms ou les identifiants des comptes à utiliser.
Les
autres systèmes de communication peuvent avoir d'autres failles. À
la Free Software Foundation (FSF), nous nous servons surtout du
courriel et du téléphone ; nous utilisons SIPpour
la communication audio ou vidéo sur Internet, mais jamais Skype parce
que Skype nécessite
un logiciel client « privateur ». Ce qui est essentiel
ici, c'est que TOUTE méthode de communication autre que Facebook et
WhatsApp (propriété de Facebook) éloignera les gens de Facebook.
Si quelqu'un vous envoie un message Facebook en dépit de votre
demande, répondez en disant : « Continuons
cette conversation par le système X, Y ou Z. Nous ne voulons pas
donner d'information supplémentaire à Facebook sur notre
organisation ou ses contacts, y compris sur vous.
Évitez d'aider ou de promouvoir Facebook !
Ne mentionnez pas la page Facebook sur votre site Web ou autre
document en ligne. La page Facebook est pour ceux qui la cherchent
sur Facebook.
-
N'affichez pas de bouton Like sur
vos pages Web. Facebook utilise les boutons Like présents
sur les sites tiers pour suivre tous leurs visiteurs à la trace. Le
bouton traque même les visiteurs qui n'ont pas de compte Facebook.
-
De manière générale, il est conseillé d'utiliser un navigateur
comme IceCat
qui bloque les systèmes de pistage dans
les pages Web, y compris les boutons Like
de Facebook et la plupart des publicités.
-
Une autre raison de ne pas avoir de bouton Like est
que ce bouton incite les gens à s'impliquer davantage dans Facebook.
Comment communiquer avec Facebook de manière sûre
Facebook
utilise de nombreuses méthodes pour se procurer des données
personnelles. Certaines sont assez sournoises. Si des personnes de
l'organisation ont des comptes Facebook et veulent les utiliser pour
gérer la page de l'organisation, l'organisation n'a aucune raison de
faire une objection. Mais l'organisation ne doit JAMAIS imposer à
une personne de se soumettre à la surveillance de Facebook afin de
gérer la page de l'organisation. Ce serait une faute grave pour la
personne en question.Voici
un guide expliquant comment les personnes peuvent gérer la page en
utilisant des comptes Facebook à l'aide de pseudonymes.
Quelques-un es
de ces recommandations outrepasse les règles de Facebook, mais ce
n'est pas mal de le faire - Facebook ne mérite pas l'obéissance.
Pour assurer la maintenance de la page de l'organisation, créez un
compte sous un alias.
Donnez de faux renseignements plausibles, SANS connotation
humoristique et sans rapport avec vous. Ensuite, n'utilisez JAMAIS ce
compte pour quoi que ce soit, sauf pour vous occuper de la page de
l'organisation. Facebook n'aura jamais aucune raison de mettre en
doute les données de votre compte.
-
Si plusieurs personnes gèrent la page de l'organisation, donnez à
chacune un compte séparé sous un alias.
Ne mettez pas un même renseignement dans deux comptes.
-
Créez deux comptes de secours sur le même modèle.
-
La seule manière plus ou moins sûre de se connecter sur Facebook
est d'utiliser un navigateur. Ne vous connectez JAMAIS avec
l'application mobile de Facebook, car cela nécessite de lui donner
accès à d'autres informations présentes sur votre appareil mobile,
comme votre carnet d'adresses personnel, vos SMS, votre agenda et
autres données confidentielles. Cela peut révéler vos données
personnelles et celles d'autres personnes. Cela peut même révéler
des informations sensibles et vous causer du tort, à vous ou à des
gens que vous connaissez. Ne soyez pas surpris : l'application
est constituée de logiciel « privateur » (ce qui est en
soi une injustice ; voir) et il est courant
que le logiciel « privateur » espionne ses utilisateurs
(voir).
-
Le plus sûr est de ne se connecter sur Facebook qu'à partir d'un
ordinateur appartenant à l'organisation, depuis le bureau de
l'organisation.
-
Pour que le site fonctionne sans avoir besoin de code Javascript
non libre, visitez m.facebook.com plutôt que facebook.com lui-même.
-
S'il vous arrive de vous connecter à Facebook avec votre ordinateur
personnel (plutôt que celui du bureau de l'organisation), faites-le
de la façon suivante : installez Tor
Browser Bundle (navigateur
destiné au réseau de Tor,
disponible pour Windows et
MacOS aussi
bien que pour GNU/Linux)
et utilisez-le pour vous rendre sur
https://m.facebookcorewwwi.onion/, au lieu d'aller sur Facebook
directement. Cela empêchera Facebook de vous géolocaliser ou de
déterminer votre adresse IP.
Remarque :
le site facebookcorewwwi.onion.to est « bidon ». Ne vous
faites pas avoir !
-
N'indiquez jamais votre présence à proximité d'un lieu, quelle que
soit l'insistance de Facebook.
-
Sur l'ordinateur, créez un compte local séparé pour chaque compte
Facebook, connectez-vous à partir de ce compte local et ne
l'utilisez jamais pour autre chose.
-
Si vous ne créez pas de compte utilisateur local particulier pour
communiquer sur Facebook, supprimez les cookies IMMÉDIATEMENT
après chaque connexion à Facebook ; pas seulement une fois par jour
! Facebook s'en sert en effet pour surveiller le reste de la
navigation Web provenant du même compte. Beaucoup de navigateurs
vous permettent de définir une configuration qui traite tous les
cookies comme
des cookies de
session. Leur suppression sera automatique à condition de quitter le
navigateur après chaque connexion à Facebook, ce qui est conseillé.
-
Par principe, il est recommandé d'utiliser un navigateur comme
IceCatqui
bloque les systèmes de pistage présents dans les pages Web, en
particulier les boutons Like>et
la plupart des publicités.
-
Ne permettez pas à Facebook d'accéder au moindre compte réel sur
d'autres sites. Si Facebook exige des informations sur vos autres
comptes, indiquez-lui des comptes « bidons » créés pour cet usage
et que vous n'utilisez pas vraiment. Il est acceptable de donner à
Facebook les adresses de courriel publiées par l'organisation pour
le contact avec le public, mais pas les mots de passe de ces comptes.
Facebook
nuit aux gens de multiples manières
et il n'y a pas moyen de les
éviter complètement. Nous espérons que cette approche de compromis
bénéficiera à votre organisation tout en lui évitant de se faire
instrumentaliser par Facebook. Il existe par ailleurs d'autres
réseaux sociaux pouvant répondre à vos besoins. Beaucoup de
réseaux sociaux centralisés bien connus sont moins intrusifs que
Facebook ; de plus, GNU Social
et Diaspora respectent les droits de
leurs utilisateurs grâce à une architecture décentralisée basée
sur des logiciels libres.
Pourquoi ne pas les essayer ?
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